11 décembre 2013

Transbordés...(1)

Et si je ne lui plaisais pas? 
Le train arrivait à quai et c'est seulement à ce moment là, ce moment où dans les  minutes qui allaient suivre nos regards allaient se croiser pour la toute première fois que je me posais la question. Et si je ne lui plaisais pas. Et si je n'étais comme il m'avait fantasmé, certes je lui avais envoyé quelques bouts de moi... Des bouts suggestifs..Ces photos font naître et entretiennent le désir, elles ne me dévoilaient pas comme un tout. Et pourtant, je suis cet ensemble de petits bouts qui parfois mit ensemble peut où ne pas plaire. L'excitation qui m'avait habité les quelques semaines auparavant, semaines où nous planifions notre rencontre s'envolait, la réalité, cette vraie réalité au delà du virtuel, des mots me surprenait... Je n'étais plus "Vellini" la gourmande, la coquine, l'envoutante ou Dieu je ne sais quoi. J'étais moi... Moi... Moi, la jeune femme tremblotante sur le quai d'une gare attendant un inconnu. 
Moi et mes rondeurs...Comme si je sortais d'un rêve et que je faisais face à la réalité, je réalisais, que je n'avais plus ce corps d'avant ma grossesse. Non, j'étais cette femme toute en rondeur, celle qui avec grand plaisir avait vu son corps s'arrondir à mesure que mon petit être évoluait. Certes, je n'étais plus enceinte, et que mon cerveau trompeur me laissait croire que j'étais celle d'avant, mais ma balance, cette hypocrite au matin même m'avait rappelé que j'avais toujours une dizaine de kilos en plus. 
Je perdais mon sourire. 
Et si je ne lui plaisais pas? Lui, oui, c'est certain, il était mon inconnu... Et ce titre lui valait mon désir absolu. Je le voulais. Tel quel. 
J'avais choisi une tenue des plus classiques, une jupe dénichée chez Héroïnes (?) , un petit top, une veste et des escarpins d'été. Sexy, je ne sais si je l'étais. Élégante certainement. C'est une des tenues des plus banales dans laquelle je suis le plus à l'aise.
Son appel me ramenait à la réalité... - Où es-tu? -Je suis placée un repère après le repère où votre voiture sera à quai. Tu m'apercevras dès l'entrée du train, il te faudra faire demi-tour pour me rejoindre... J'ai de longs cheveux frisés... Je porte des escarpins à brides. -Ah, je vois tes jambes... 
Cet instant est horrible... Ce moment où vous savez que l'autre vous vois et pas vous. Vous imaginez les situations les plus rocambolesques... Et s'il faisait demi-tour? D'autant plus que j'avais un emplacement assez curieux... Je voulais qu'il me voit, qu'il m'observe quelques instants... Qu'il choisisse d'être transbordé ou non... Le virtuel ou le réel. Je m'offrais à lui.
Je n'avais plus suffisamment de temps à rêver. D'ailleurs, ce n'était pas si important que je lui plaise ou non, tout était clair entre nous... C'était l'inconnu que je croisais pour une seule et unique fois.
Il était là... Je faisais face à lui. Crispée certainement, sourire figé certainement... Un baiser des plus chaste, il m'enveloppa par les épaules, me serra contre lui... Je me dégageais quelque peu... Nous étions à quelques mètres de mon domicile... Il prit ma main. Je le sentais me dévisager... Je n'osais soutenir son regard, ses petites caresses sur ma main était agréable. Dans un couloir qui nous reliait au métro, je sentis son souffle se rapprocher... Je m'arrêtais. Ce fut notre premier baiser. Un de ces baisers délicieux. Un de ceux que l'on a tant désiré, et qu'enfin brulants et gourmands on se découvre. Un baiser qui sonne comme la promesse d'un bon moment à venir. Mes angoisses s'envolaient. Je le voulais, il était là. Son baiser me disait tout. Tout...
Un second baiser plus gourmand que le premier. 
Cette fois, c'est moi qui  le prit par la main... Direction le Vice-versa hôtel où nos désirs allaient prendre corps.