La nuit dernière j'ai rêvé de toi...
Je nous ai vus marchant main dans la main sur une petite route de compagne... Tout était si léger, si agréable... J'étais bien, tu semblais l'être aussi... Je te regarde souriant, la petite écharpe que je porte à mon cou s'envole à mesure que le vent se lève... Tu me trouves légère, aérienne... Aussi pour m'envoler un peu plus...Je la retire et la fais voler... Une seconde, rien qu'une seconde tu as lâché ma main pour aller la récupérer... Je ris de te voir courir après, elle ne cesse de se poser et de s'envoler. Puis, le temps s'assombrit, et petit à petit ta silhouette disparaît dans une brume profonde. Mon cœur se pince... J'ai froid.
Le hasard de la nuit fait qu' à cet instant précis, mon époux m'enveloppe dans ses bras, apaisée, je me rendors.
Amis infidèles, que nous reste-t-il de nous amours interdits?
Que nous reste-t-ils, de nos corps mêlés, transpirants, tendres, fougueux? De nos souffles, de nos baisers, de nos messages brûlants? De nos rires, de nos colères, de nos larmes? Que nous reste-t-ils de tous ces beaux moments que nous partageons avec cet autre inconnu de tous?
Que me restera-t-il de mes amours interdits?
Mes souvenirs certainement... Faut-il encore que cela ne fasse parti d'un phénomène de réminiscence...
Dans un cadre professionnel, j'ai été amené à rencontrer un couple de personnes âgées, très âgées. L'époux gardé en observation, toute la matinée n'a eu de cesse que de réclamer Éliane...Sa femme. Nous avions beau faire, il voulait absolument qu'elle soit là, il ne comprenait pas pourquoi elle l'avait "abandonné"... Elle, sa douce et belle Éliane. Je le rassurais en lui disant qu'elle ne tarderait pas à arriver... Grand bien font les choses, à peine que je terminais ma phrase que son épouse était sur le pas de la chambre... "Je vous l'avais dis, votre femme est là"... Sourire aux lèvres je m'adressais à l'épouse, "il n'a cessé de vous réclamer... Toute la matinée il voulait absolument que nous appelions sa douce et belle Éliane..." Elle sourit et me dit. "Éliane était sa maîtresse"... J'étais confuse... Mais confuse à un point que nul ne peut imaginer... D'un geste bienveillant elle posa sa main sur la mienne pour me rassurer. "Ne vous en faites pas"...
"Oh, mon Dieu! Oh, mon Dieu!" Avais-je répété plusieurs fois. Il va de soi ma réalité avait prit le dessus, je ne pouvais m'empêcher de faire le parallèle avec ma vie. Effroyable!
Que me restera-t-il de mes amours interdits? Ce méli-mélo? Ou d'autres souvenirs des plus agréables... Comme la douceur de ses mains... Le frisson de cette bulle suspendue*... Cette sensation de bien être profond de la place d'Agier... ... Où peut-être que j'en jouerais.. Je raconterais à l'un de mes petits-enfants avoir aperçu en Gruyères non loin de "La charrière des morts" des antilopes*, je l'imagine éclater de rire pensant que sa mamie devient gâteuse, et pourtant sa grand-mère aura en elle tellement de beaux souvenirs. Ce qui est certain, c'est que je dirais à l'une de mes petites-filles (si j'ai la chance d'en avoir)... Que si jamais, elle avait un amant, elle pourrait m'en faire des confidences. Je n'en dirais mot à personne... Oh! Que non! Je voudrais qu'elle ait au moins cette possibilité raconter son histoire à un proche. Oui, je serais une mamie sans morale. ^^
Alors que me restera-t-il des mes amours interdits?
Dirais-je aux autres que je suis tantôt tigresse tantôt soyeuse et lisse comme le papier Vélin... Ou serais-je simplement Véllia pour souligner la complexité qui m'habite.
Que nous reste-t-il vraiment de ces amours là?
Nothing.
Ou peut-être que si... Le souvenir des orgasmes s'inscrit dans la chair.
*Le vide m'arrache le cœur.
*Bah! Pourquoi pas?! :)